Hjortshøj

marker Pays

Danemark


marker Site internet

marker Nombre d'habitants

300

marker Date de Création

1992

Histoire

Les tout premiers pas de la communauté sont faits en 1986 lorsque deux Danois, Jørg Gaugler et Kaj Hansen, présentent leur vision d'une communauté durable pendant un cours du soir, une forme de formation tout au long de la vie très répandue au Danemark. Un groupe de personnes se constitue alors spontanément, duquel émerge en 1987 une association pour la création d’un écovillage coopératif à Aarhus, la deuxième ville du Danemark.
Le projet d'écovillage est mûri par le collectif réparti en plusieurs groupes de travail thématiques : l'objectif partagé est d'atteindre une population d'environ 500 habitants et incluant une zone agricole permettant en partie l'autosuffisance alimentaire (nécessitant donc une surface d'environ 100 hectares). Le projet est présenté à la municipalité d’Aarhus qui réagit très positivement et propose trois implantations possibles : la commune de Hjortshøj, dont les habitants soutiennent la création d'un écovillage, est sélectionnée par les membres du projet.
En partenariat avec la commune, un plan local d'urbanisme est mis en place pour prendre en compte les choix définis par le collectif : le projet ne doit inclure que des habitations basse énergie limitées à deux étages et regroupées par groupe d'habitations ayant des formes juridiques différentes (logements privés, habitats participatifs ou logements sociaux) afin de favoriser une plus grande diversité sociale.

En 1992, le premier groupe d'habitants s'installe dans le village nommé "Andelssamfundet i Hjortshøj" (en français, la société coopérative de Hjortshøj). Aujourd'hui, huit groupes d'habitations sont construits et sont le lieu de vie d'un peu moins de 300 personnes. La mise en place de trois derniers groupes d'habitations a été lancée et portera le nombre total d'habitants à 450 personnes.

Ecovillage Hjortshoj
Andelssamfundet i Hjortshoj

L'utilisation d'énergie issue de sources renouvelables

La production de chaleur

La totalité des constructions de l'écovillage sont équipées de panneaux solaires thermiques et de ballons d'eau chaude permettant de stocker l'eau chauffée. Ces panneaux assurent 50 % des besoins en eau chaude sanitaire sur l'année et 100 % des besoins de mai à septembre.

Pour couvrir les besoins en chaleur durant l'hiver, la question de relier l'écovillage au réseau de chaleur municipal s'est posée dès la construction des premières habitations : ces réseaux de chaleur, dont le Danemark est un des pionniers (au total environ 65% des foyers danois sont alimentés par un réseau de chaleur), consistent en un ensemble de canalisations permettant la distribution à travers la ville de la chaleur produite par plusieurs chaufferies centrales. L'utilisation de réseaux de chaleur a des avantages financiers et écologiques (lorsque la production de chaleur se fait à partir de sources d'énergie renouvelable bien entendu) indéniables, notamment pour le Danemark, gros consommateur de chaleur en hiver.
La production d'énergie thermique distribuée sur le réseau de chaleur de Aarhus était en grande partie issue de la combustion de charbon dans les années 1990 : la communauté, qui ne souhaite pas se chauffer à partir de sources non renouvelables, décida de ne pas utiliser l'énergie issue du réseau de chaleur municipal et, en 1996, créa sa propre société de production d'énergie Energiselskabet : un réseau de chaleur desservant les 125 maisons et appartements de l'écovillage est alors mis en place.

La chaleur nécessaire aux habitations est produite à partir de deux chaudières, uniquement démarrées entre les mois de septembre et mai (les besoins en chaleur durant le reste de l'année étant couverts par les panneaux solaires thermiques) : la première fonctionne aux granulés de bois (produits au Danemark à partir des déchets des industries du bois) et la deuxième chaudière, installée en 2003, utilise des plaquettes de bois (qui sont également des déchets de l'industrie forestière).

Plusieurs expérimentations ont également été menées dans l'écovillage :
  • un moteur Stirling, installé en parallèle de la chaudière et utilisant la combustion des granulés de bois pour faire tourner une génératrice et ainsi produire de l'électricité, a été testé dans la communauté
  • un système de distribution alternatif de chaleur a été développé pour les groupes d'habitations les plus éloignés de la centrale : les maisons de ces groupes d'habitations étant à très basse consommation, elles ont des besoins de chaleur très limités. Plutôt que de maintenir une circulation permanente de l'eau de chauffage dans le circuit reliant la chaudière aux habitations comme c'est le cas habituellement, un système à impulsion a été mis en place : régulièrement au cours de la journée mais pendant un temps très limité, de l'eau chaude est envoyée via le réseau de chaleur aux habitations qui stockent cette chaleur, pour la restituer progressivement, ce qui limite grandement les pertes énergétiques liées au transport de chaleur.
  • les chaudières arrivant dans les prochains mois en fin de vie, la question de la connexion au réseau de chaleur municipal se pose de nouveau : en effet, la ville d'Aarhus produit maintenant 100% de la chaleur distribuée sur le réseau de chaleur à partir de bois et de paille, ce qui va dans le sens de l'écovillage qui souhaite se chauffer uniquement à partir de sources renouvelables. Pourtant, l'écovillage veut rester pionnier sur cette question et vise maintenant à se fournir en chaleur sans devoir recourir à la combustion de matières quelles qu'elles soient. Un projet de remplacement des chaudières par des pompes à chaleur permettant de récupérer l'énergie du sol (en surface) pour chauffer l'eau est à l'étude.

Comme dit l'adage, l'énergie la meilleure est celle qu'on ne consomme pas ! La communauté a appliqué cet adage dès sa création avec notamment la construction de bâtiments dont les caractéristiques thermiques sont en avance sur la règlementation en vigueur lors de la construction : la consommation maximale annuelle par m² des habitations du premier groupe était inférieure de plus de 50 % à la règlementation. Celle des derniers groupes d'habitations construits n'est réduite que de 20 % par rapport aux normes, les règlementations nationales ayant été durcies au cours des dernières décennies.

Pour limiter également les surconsommations d'énergie dans les habitations, l'énergie fournie sous forme de chaleur aux différentes habitations est uniquement facturée en fonction de la consommation de chacun (il n'y a par exemple par de cout fixe facturé, tel qu'un abonnement) : cela motive les membres de la communauté à optimiser leur consommation d'énergie.

Chaudière Hjortshoj
Chaudière
Granulés bois Hjortshoj
Granulés de bois
Panneaux solaires thermiques Hjortshoj
Panneaux solaires



La production d'électricité

Certaines habitations sont, individuellement, équipées de panneaux photovoltaïques permettant une production locale d'énergie.

En dehors de l'énergie produite par les quelques panneaux photovoltaïques installés dans l'écovillage, la production d'électricité localement n'a pour l'instant pas été identifiée comme étant une priorité, étant donné que la production d'énergie au Danemark est en grande partie issue de sources renouvelables (l'éolien couvre à hauteur de 50% des besoins en électricité du pays).

La protection des cycles de l'eau

La protection des cycles de l'eau a été identifiée dès le début comme un aspect important du projet.

En ce qui concerne le traitement des eaux usées, le premier groupe d'habitations a été équipé, dès sa construction, de toilettes sèches avec séparation de l'urine : les habitants pensant qu'elles étaient moins fertilisantes que les matières fécales, les urines étaient évacuées avec le reste des eaux grises vers le réseau d’assainissement municipal. Les matières fécales étaient récupérées et répandues comme fertilisant dans une plantation de saules. Le bois de saule obtenu était destiné à alimenter la chaudière à copeaux de bois chauffant l'écovillage.
Après 15 ans d'utilisation, ce système a finalement été abandonné pour diverses raisons (problèmes de conception favorisant les odeurs notamment, écartement insuffisant des rangées de saules dans la plantation empêchant la mécanisation de la coupe des arbres, impossibilité d'épandage des matières fécales en engrais sur les parcelles certifiées bio, frein psychologique à gérer les excréments des autres membres de la communauté...) et les habitations, déjà raccordées au réseau d’assainissement de la commune, ont été équipées de toilettes à chasse d'eau à faible consommation en eau pour évacuer les matières fécales vers l'assainissement municipal.
Des toilettes sèches ont également été mis en place dans d'autres groupes d'habitations mais la plupart des habitations sont, depuis, repassées à des toilettes à chasse d'eau à la suite de différents problèmes de conception ou d'organisation.

Les eaux grises du groupe d'habitations 3 sont toujours évacuées vers une forêt de saules : les eaux usées sont captées par les racines des saules, très demandeurs en eau, et les contaminants présents dans les eaux grises (nitrates et phosphore) sont décomposés et utilisés par les saules pour leur croissance.
Un tiers de la plantation de saules est coupé chaque année : le bois produit, qui devait initialement être transformé en plaquettes pour alimenter la chaudière mais nécessitait un séchage préalable trop contraignant, est maintenant destiné à d'autres usages.

Chaque groupe d'habitations a aussi accès à une laverie commune, ce qui a permis d'investir dans des équipements plus robustes et plus efficaces. Cela limite également la surface de construction de chaque logement en évitant d'y installer une laverie par habitation.
De plus, les laveries utilisent de l'eau de pluie récupérée sur les toitures et stockée dans des réservoirs. L'utilisation d'eau de pluie pour laver le linge permet de réduire les quantités de lessive utilisée, l’eau douce ne limitant pas l’efficacité des lessives, contrairement à l’eau dure sortant des robinets.

Finalement, la récupération des eaux de pluie, l'installation d'économiseurs d'eau dans les logements et les comportements des usagers permettent une réduction conséquente de la consommation d'eau de l'écovillage.



La production de nourriture à partir de l'agriculture biologique

Vingt hectares de terrains attenants à l'écovillage sont actuellement loués à la commune d'Aarhus : cette surface est destinée à la production de céréales, de fourrages, de fruits et de légumes et à l'élevage d'animaux (actuellement des poules, chèvres et cochons).
La communauté gère collectivement ces terrains et une quinzaine de groupes d'habitants travaillent bénévolement au fonctionnement de nombreuses activités agricoles sur ces terrains : production de miel, d’œufs, de céréales, de fruits, de légumes...
Ils sont également épaulés, depuis 2012, par quelques personnes handicapées travaillant pour la Fondation Vimby (voir le paragraphe concernant Le respect de la diversité et le développement d'une vision commune dans la communauté dans la rubrique Social pour plus d'informations), ce qui leur permet une meilleure inclusion dans la société.

Maraîchage

Sur un terrain de 1,2 hectares, le maraîchage est probablement l'activité agricole qui réunit le plus de membres de la communauté : environ 100 familles participent à l'activité.
Le principe de fonctionnement est simple : en échange du paiement d'une adhésion annuelle (environ 170 € par adulte) et d'une contribution à l'activité de maraichage (à hauteur de 20 heures par an), chaque personne est libre de récolter tous les légumes dont elle a besoin pour sa consommation personnelle.

Ainsi, chaque adhérent est responsable d'une activité : certains font les semis, d'autres font les repiquages ou le désherbage... La mise bout à bout de toutes ces participations de 20 heures annuelles permet la production biologique de nombreux légumes et en grandes quantités. Et cela fonctionne ! Durant les mois d'été, le terrain est couvert de nombreux plants fournissant la communauté en pommes de terre, céleris, persil, betteraves, choux, poireaux, carottes, oignons, haricots, fenouil, maïs, courges, laitues...

Maraichage Hjortshoj
Durant les mois d'été, le terrain est couvert de très nombreux légumes, ici des choux frisés



Autres activités agricoles

Plusieurs autres activités agricoles sont pratiquées sur les 20 hectares de terrains attenants à l'écovillage. Afin d'améliorer la fertilité des sols, des rotations entre les activités et des méthodes de culture agroécologiques sont mises en place.

Les activités agricoles suivantes sont menées :
  • la production de céréales par une équipe de volontaires. Les céréales récoltées servent, en partie, à l'alimentation de la communauté : le blé produit est par exemple vendu à la minoterie fournissant la boulangerie de l'écovillage.
  • la production d’œufs menée par une équipe de bénévoles qui se relaie quotidiennement avec l'aide des personnes handicapées employées par la Fondation Vimby : environ 190 œufs sont produits chaque jour, pour le plus grand plaisir des habitants et voisins de la communauté qui peuvent venir les acheter ! Les poules, logées dans un poulailler mobile, sont régulièrement déplacées sur différentes parcelles de l'écovillage.
  • l'élevage, très populaire dans l'écovillage notamment auprès des enfants, permet aux membres de la communauté de consommer une viande produite localement et en pleine connaissance des conditions de vie et de mort : jusqu'en 2019, un élevage de vaches a été mené mais celui-ci, trop chronophage, a été abandonné. Des cochons, dont la viande est vendue dans l'épicerie de la communauté, sont toujours élevés dans l'écovillage.
  • la production de miel grâce à plusieurs ruches installées sur les terrains
  • la production de pommes, dont la vente permet la plantation régulière de nouveaux arbres

A noter également qu'en complément du terrain de maraîchage commun, certains habitants ont désiré cultiver leurs propres potagers : ainsi, 3 000 m² de terrains ont été dédiés à une vingtaine de potagers individuels, mesurant entre 25 et 250 m².

Récolte blé Hjortshoj
Récolte du blé
Poules Hjortshoj
Poules
Chèvres Hjortshoj
Chèvres
Ruches Hjortshoj
Ruches
Verger Hjortshoj
Verger

La construction de bâtiments durables

Depuis sa création, la vision partagée à l'écovillage de Hjortshøj en termes de construction est de "créer une communauté de maisons saines et inspirantes tout en respectant l'environnement".
Au fil des années et à l'aide de techniques de constructions et de matériaux très variés, les 8 groupes d'habitations conservent cette même approche, consistant en 6 principes directeurs :
  • l'utilisation de matériaux de construction et d'isolation écologiques
  • les méthodes de construction durables
  • la limitation de l'utilisation des ressources
  • une faible consommation d'énergie
  • un environnement intérieur sain pour ses occupants
  • la réduction des déchets

Dès les débuts de la communauté, un long travail d'expérimentations a été réalisé par les habitants. Ce travail a permis l'acquisition de nombreuses connaissances qui sont maintenant largement partagées avec les collectifs en cours de création et en recherche d'inspirations !
Avant d'initier la construction du premier groupe d'habitations, les membres fondateurs ont eu à démontrer aux services municipaux qu'il était possible de construire des habitations via l'utilisation de techniques de constructions et de matériaux durables. En effet, les services de la ville, qui n'étaient pas familiarisés à ces techniques, ne pensaient pas que les méthodes de construction proposées permettraient de répondre aux normes environnementales alors en vigueur.
C'est à cet effet qu'en 1990 une maison témoin, appelée Petersburg (le "château de Peter", du nom d'un des membres ayant coordonné la construction) et qui sert maintenant de salle de rencontre pour la communauté, a été construite par le collectif : une entreprise de construction, Økotech, a également été créée par les habitants afin de supporter les activités, actuelles et futures, de constructions. Les demandes de la municipalité, initialement reçues comme des contraintes supplémentaires, ont finalement été perçues très favorablement par les habitants : elles ont en effet permis au collectif d'approfondir et de perfectionner le projet de construction.
En 1991, à la suite de la validation des techniques et matériaux de construction par la municipalité, la première parcelle est achetée et la construction du premier groupe d'habitations, en grande partie en auto-construction, est lancée.
Les groupes de construction suivants ont également souvent été construits par leurs habitants eux-mêmes, ceci afin de limiter les coûts à supporter.

Des matériaux et techniques de construction écologiques

Les différents bâtiments édifiés dans l'écovillage sont majoritairement construits via deux techniques différentes : la construction en terre et en bois.

Construction en terre
Une grande partie des habitations des 3 premiers groupes d'habitations sont des constructions en terre où a été utilisée la méthode du pisé : le pisé consiste à comprimer de la terre crue légèrement argileuse dans des coffrages (appelées les banches) par couches successives d'une dizaine de centimètres à l'aide d’un pilon pneumatique.
Les murs en pisé sont ensuite isolés extérieurement et protégé par un bardage en bois.

Afin de faciliter la réalisation des murs de certaines maisons, une technique alternative a été mise en œuvre : contrairement au pisé, des blocs de terre crue ont été préparés préalablement par compactage dans une machine prévue à cet effet, pour être ensuite emmenés et installés sur place. Cette méthode de mise en œuvre, plus flexible et plus rapide, a pu bénéficier de l'expérience des briqueteries traditionnelles danoises.

Le pisé a de nombreux intérêts : sa résistance mécanique permet la réalisation des murs porteurs de l'habitation et sa grande capacité thermique est utile pour stocker l'énergie du soleil pendant la journée pour la restituer la nuit. C'est également un très bon régulateur de l'humidité dans l'habitat.
Sa mise en œuvre a également l'avantage d’utiliser la terre issue des déblaiements pour réaliser les fondations du bâtiment : c'est donc une matière première gratuite, locale et qui ne requiert pas de traitements préalables lourds (telle que la brique en terre cuite qui nécessite beaucoup d'énergie pour être produite par exemple).
Ces murs sont très robustes et résistent dans le temps s’ils sont bien protégés. Étant donnés les matériaux de construction utilisés, ils ne produiront pas de déchets en fin de vie et retourneront progressivement à la terre sous l'effet des intempéries.

Construction en bois
La majorité des bâtiments des groupes d'habitations les plus récents de l'écovillage n'ont pas été construits en terre crue mais sont des constructions à ossature en bois.
Comme le pisé, les maisons en ossature bois ont de nombreux avantages : ce sont des constructions solides et le bois agit comme régulateur thermique et hygrométrique, améliorant nettement le confort intérieur pour les occupants.
C'est également un matériau durable, si tenté que l'on utilise des bois locaux et non traités aux fongicides : pour cela, certaines essences de bois naturellement protégées (telles que le thuya ou le mélèze) doivent être privilégiées et des techniques de protection naturelles autrefois très répandues, telles que le sens d'orientation des lames de bois, ont dû être reproduites.

En complément du bois, les habitations construites en ossature bois ont souvent été enduites de terre, permettant d'apporter un environnement intérieur confortable.

L'isolation
Plusieurs types d'isolation ont été mis en place dans les habitations.
Les premiers groupes d'habitations ont majoritairement été isolés avec de l'ouate de cellulose, constituée de papier recyclé aggloméré en granulés et imprégné avec des additifs ignifugeants et fongicides (sel d'ammonium et acide borique).
Cette forme d'isolation a une bonne capacité de transfert de l'humidité, favorisant un bon climat intérieur. De plus, c'est un matériau qui peut être fourni localement et l'empreinte écologique de cet isolant est limitée en comparaison des isolants traditionnels : sa production requiert en effet entre 20 et 40 fois moins d'énergie que la production de laine minérale standard.

Les groupes d'habitations les plus récents ont majoritairement utilisé la fibre de bois et son dérivé la laine de bois. Cette fibre vient de l’épicéa issu de forêts scandinaves et certifiées FSC, en faisant un matériau local. De plus, c'est l'unique isolant pouvant naturellement retourner dans la nature à l'issue de son cycle d'utilisation, sans nécessiter de traitement humain spécifique comme c'est le cas pour les autres types d'isolants.
Les fibres de bois sont un très bon isolant ayant une capacité thermique importante, leur permettant de restituer la chaleur à l’intérieur des bâtiments plus tardivement (cela va donc retarder l’entrée de chaleur dans l’habitat pendant l’été et restituer la chaleur de la journée durant la nuit l'hiver). Tout comme l'ouate de cellulose, les fibres de bois sont de très bonnes régulatrices d'humidité.

Les peintures écologiques
Très utiles pour protéger le bois et la maçonnerie mais également pour leurs fonctions esthétiques, les peintures utilisées à Andelssamfundet i Hjortshøj sont des peintures naturelles. Ces peintures ont des propriétés naturelles assainissantes et permettent la régulation de l'humidité, assurant ainsi la protection des murs tout en les laissant respirer.

Plusieurs types de peintures ont été utilisées : des peintures à l’huile de lin, très utilisées en Scandinavie depuis plusieurs siècles, ont été utilisées pour peindre les bardages, boiseries, fenêtres et portes en bois. Ces peintures, entièrement naturelles, sont faites à partir d'ingrédients comme l’huile de lin, la farine de blé et de seigle et des pigments naturels.

La peinture à la chaux, dont les recettes sont très anciennes, est également utilisée dans l'écovillage pour la peinture intérieure et extérieure des murs en argile : elle est obtenue par mélange de chaux, d'eau, de pigments et d'adjuvants naturels.

Maisons groupe 1 Hjortshoj
Groupe d'habitations 1
Maisons groupe 2 Hjortshoj
Groupe d'habitations 2
Maisons groupe 3 Hjortshoj
Groupe d'habitations 3
Maisons groupe 4 Hjortshoj
Groupe d'habitations 4
Maisons groupe 5 Hjortshoj
Groupe d'habitations 5
Maisons groupes 7 et 8 Hjortshoj
Groupes d'habitations 7 et 8

La réduction et la réutilisation des déchets

Avant même de parler de traitement des déchets, la communauté cherche à réduire sa production de déchets : l'épicerie biologique installée dans l'écovillage est un véritable avantage car elle permet l'achat de denrées en grandes quantités, qui sont ensuite reconditionnés sur place dans des emballages papiers ou à disposition des habitants qui viennent se servir dans leurs propres contenants.

Plusieurs autres solutions ont également été mises au point afin de limiter la production de déchets :
  • une ressourcerie a été installée dans l'écovillage : dans ce bâtiment, très populaire, on y récupère les objets qui ne servent plus afin de les mettre en vente à petit prix, pour leur trouver une seconde vie !
  • un atelier de réparation est ouvert tous les mercredis matin : pendant une demi-journée par semaine, plusieurs bénévoles réparent dans la bonne humeur les objets déposés par les riverains ou accompagnent ceux qui souhaitent apprendre à les réparer par eux-mêmes. La diversité des objets remis en état est impressionnante : électroménager, outils de jardin, vélos, objets de la vie quotidienne, appareils électriques... les compétences de l'équipe sont larges !

Concernant les déchets, la communauté essaie de les traiter localement et, lorsque cela n'est pas possible, de les trier sur place afin de les diriger vers un retraitement adapté.
Pour les déchets biodégradables, les restes de cuisine sont déposés par chacun dans des composts individuels que chacun est libre d'utiliser. Les déchets verts (tontes de pelouse, feuilles mortes...) sont apportés par chacun dans une zone prévue à cet effet, afin qu'ils s'y compostent lentement.

Le Danemark est un des champions européens en termes de traitement des déchets : 3 poubelles de tri, permettant le recyclage de nombreux déchets, sont déjà à disposition des citoyens (tout-venant, plastique/verre/métal, papier/petit carton) et le tout venant est traité dans des centrales d'incinération ayant des normes environnementales très strictes et produisant chaleur et électricité.
Les autres déchets (électronique, piles, céramiques...) sont à déposer dans des décharges municipales prévues à cet effet : afin de limiter les déplacements individuels de chaque habitant entre son domicile et la déchetterie, plusieurs centrales de tri ont été installées au sein de l'écovillage et sont gérées par différents groupes de travail. Chaque semaine, une famille différente se charge d'emmener les différentes catégories de déchets à la déchetterie, limitant le nombre de trajets pour la déchetterie.

Atelier Réparation Hjortshoj
L'équipe de l'atelier de réparation accueille toutes les personnes ayant besoin de rafistoler un objet avec un grand sourire !

La protection de la biodiversité et la régénération des écosystèmes

Tout au long du développement de l'écovillage, une attention particulière a été portée à la préservation d'espaces naturels et sauvages : trois étangs sont à la disposition d'une faune et flore sauvages variées et la plantation de la forêt de saules, qui est maintenant laissée à l'état sauvage, est un refuge pour nombre d'espèces.

Au sein même de la zone d'habitation, des espaces de nature ont été laissés à disposition des animaux et végétaux de toutes sortes.

Etang Hjortshoj
Un des étangs de Hjortshoj héberge nombre d'animaux

La mise en place de systèmes de transport public durables

Andelssamfundet i Hjortshøj bénéficie de sa grande proximité avec Aarhus, la deuxième ville du Danemark. En effet, l'écovillage est à seulement 10 minutes à pied de la station de train permettant d'être dans le centre de la ville en une vingtaine de minutes. Une véritable aubaine pour les habitants de l'écovillage !

Au-delà de l'utilisation des transports en commun, quand les habitants de l'écovillage en ont besoin, un service d'autopartage a été créé en 2014 : pour environ 3 000 couronnes danoises par an (environ 400 €) et une location indexée sur le nombre de kilomètres parcourus (qui reste toutefois moins intéressante que le prix des transports en commun pour ne pas les concurrencer), il est possible d'utiliser une des voitures thermiques ou électriques disponibles.
Ce système est particulièrement avantageux, à la fois financièrement et écologiquement, et permet à une grande partie des familles de l'écovillage d'éviter l'achat d'une deuxième voiture.

Le respect des traditions

De nombreuses traditions ont été mises en place dans la communauté à différents échelons.

Ainsi, chaque groupe d'habitations définit ses propres règles en matière de vie commune et organise par exemple plus ou moins souvent des repas en commun dans les maisons communes : certains groupes se réunissent une fois par semaine quand d'autres partagent des repas plusieurs soirs chaque semaine. La participation à la préparation des repas est répartie entre chaque membre participant qui doit, en alternance, faire les courses ou préparer le repas pour les membres du groupe d'habitations.
Au-delà de la construction d'une histoire collective où chacun apprend à prendre soin de l'autre, ces repas permettent aux habitants d'aborder des sujets relatifs à leur vie en communauté de manière moins formelle et sont un outil efficace de communication au sein du groupe : ils entretiennent le climat de confiance qui règne entre chacun dans l'écovillage.

Certaines traditions culturelles ont également été mises en place pour régulièrement regrouper plus largement la communauté. Tous les mercredis à partir de 10h30, du café et des petits pains fraîchement cuits à la boulangerie Vimby sont servis, permettant aux habitants de se retrouver pour un moment convivial.
Des fêtes annuelles sont aussi l'occasion de se retrouver : la fête des lumières est par exemple célébrée à Andelssamfundet i Hjortshøj pour marquer l'approche du solstice d'hiver et le retour de la lumière. Une marche avec des lanternes est organisée et se termine par la distribution d'une soupe accompagnée de chants et de contes à Petersburg, la salle commune de l'écovillage.
A la fin du mois d'aout, une grande fête des voisins est organisée : les membres des différents groupes d'habitations se confrontent à travers des olympiades et partagent un repas tous ensemble, permettant de mieux intégrer les nouveaux arrivants et de connaître des personnes appartenant à différents groupes d'habitations.
Enfin, au passage de la nouvelle année, plusieurs habitants proposent une rétrospective humoristique des projets réalisés par le collectif pendant l'année écoulée : cette présentation, très chaleureuse, apporte avec beaucoup d'humour un sentiment de grande cohésion dans la communauté.

Plusieurs fêtes ouvertes au public sont aussi organisées tout au long de l'année. Pendant plusieurs années, l'écovillage organisait en mai un festival le temps d'un weekend où de nombreux concerts et débats étaient prévus, attirant plusieurs milliers de visiteurs arrivés notamment de Aarhus. Les bénéfices faits par ce festival ont fortement contribué à la mise en place du projet d'inclusion des handicapés à Vimby.

La fête de la récolte, le premier dimanche de septembre, est aussi devenue une tradition dans l'écovillage : tous les ans, une fête et un marché sont organisés pour célébrer la récolte. Des activités sont proposées ainsi que des ventes de produits locaux et des stands de nourriture et boissons sont installés.

L'implication dans la protection des communautés et de la nature

La revendication d'un mode de vie alternatif

La communauté de Andelssamfundet i Hjortshøj a, dès ses débuts, joué le rôle pionnier sur de nombreux sujets afin de défendre un mode de vie plus respectueux des Hommes et de la nature.
La liste des thématiques auxquelles les services de la ville n'étaient pas familiarisés et sur lesquelles le collectif a dû jouer le rôle de précurseur est large : les constructions en pisé, l'isolation à la ouate de cellulose, l'utilisation de bois non imprégné de produits chimiques, l'utilisation de toilettes sèches, la récupération des eaux pluie, la création d'un réseau de chaleur autonome...
Ces nombreuses expérimentations d'un mode de vie alternatif ont également provoqué les réticences des banques à proposer des emprunts pour les constructions des premières maisons. Ce n'est qu'après un long travail de persuasion que des emprunts à des taux très élevés (environ 9%) ont été obtenus !

Afin de diffuser plus largement les solutions mises en place à Andelssamfundet i Hjortshøj et inspirer le plus grand nombre, de très nombreux projets de sensibilisation ont été proposés à destination d'un public large :
  • lors de la construction des premiers groupes d'habitations dans les années 1990, un partenariat a été créé avec l'agence de l'emploi locale pour que des personnes au chômage puissent venir participer à la construction des bâtiments et se former à des méthodes de construction alternatives.
  • plusieurs chantiers internationaux ont aussi été organisés, pendant lesquels plusieurs dizaines de jeunes volontaires venus du monde entier ont pu découvrir l'écovillage et la vie en communauté, tout en participant à des projets concrets.
  • des conférences ont régulièrement été tenues par plusieurs membres de la communauté, au Danemark mais aussi en France à Sciences Po Rennes.
  • les visites proposées une fois par mois sont aussi un moyen de sensibiliser les personnes extérieures au projet aux enjeux de demain et les solutions existantes.
  • le site internet , très riche en informations et en partages d'expériences, est d'un grand intérêt pour toute personne en recherche d'informations plus détaillées sur la communauté et est sans aucun doute un précieux atout pour tout collectif en cours de création.

Une exigence à ne pas se couper du reste de la société

Une des valeurs identifiées dans la première charte de la communauté était que l'écovillage "se développe au travers d’une influence mutuelle avec le reste de la société".
La communauté est toujours restée attentive à ne pas s'écarter du reste de la société : l'implantation de l'écovillage était par exemple d'une importance capitale, les habitants souhaitant investir un terrain suffisant pour permettre une certaine autonomie alimentaire tout en restant à proximité de la ville d'Aarhus.
La question de mettre en place une école dans l'écovillage a été discutée dans les années 1990 : la décision a finalement été que les enfants iraient à l'école publique afin de ne pas rompre les liens avec le reste de la commune.
De nombreuses activités de l'écovillage sont aussi à la fois à destination des membres de la communauté et des voisins : l'épicerie et les différents ateliers (la recyclerie ou l'atelier de réparation par exemple) sont ouverts à tous.

L'écovillage a été et est toujours également en contact régulier avec les services municipaux : cela a, par exemple, permis la participation à la rédaction des plans locaux d'urbanisme successifs, pour inclure les besoins de la communauté en termes de constructions des nouveaux groupes d'habitations.

La célébration de la vie et de la diversité à travers l'art

L'écovillage bénéficie d'une offre artistique importante à travers de nombreux ateliers et des expositions régulières.
Plusieurs ateliers sont installés dans la communauté : une petite roulotte a par exemple été installée dans les jardins de la communauté et plusieurs artistes s'y retrouvent régulièrement pour partager leurs expériences et exposer leurs créations.
Un atelier de poterie a aussi été récemment mis en place sur proposition d'une habitante de la communauté.

Une dizaine d'artistes exposent également chaque semaine leurs créations dans une galerie construite au cœur de l'écovillage.

Roulotte Hjortshoj
Atelier d'artistes
Galerie artistes Hjortshoj
Galerie des artistes

La reconnexion avec la nature

La communauté avait à cœur de créer sur les terrains de l'écovillage des chemins où chacun pourrait se promener pour profiter de la nature, permettant de découvrir la biodiversité des prairies, étangs et forêts.

Dans un esprit d'ouverture sur le reste de la société, ces chemins sont ouverts à tous et il n'est pas rare de voir des familles du voisinage venir déambuler tranquillement sur les sentiers de la communauté.

Abri Hjortshoj
Un abri a été installé près d'un des étangs de l'écovillage, permettant aux jeunes de la communauté et des environs de passer les soirées d'été autour du feu


La juste répartition de la propriété des terres et des ressources

L'écovillage de Hjortshøj a la particularité de s'être développé par étapes, à travers la construction de groupes d'habitations successifs : chaque groupe a ainsi pu décider de la forme économico-juridique qui convenait le mieux, aboutissant à une diversité des formes de propriétés.

Ainsi, 3 groupes d'habitations sont en habitats privatifs, chaque famille étant donc propriétaire de sa propre maison et du terrain sur laquelle elle est construite. Un quatrième groupe d'habitations a une structure juridique légèrement différente de l'habitat privatif : dans ce groupe, 10 familles occupent 5 maisons différentes, chaque famille partageant le bâtiment avec une autre. Dans chaque maison, les 2 familles sont en habitat participatif et ont contracté un prêt bancaire commun pour la construction de l'habitation.

Trois groupes d'habitations sont en locatif : deux groupes sont des logements sociaux détenus par deux bailleurs sociaux importants au Danemark, les habitants sont donc locataires de leurs appartements. Les habitations du groupe 6 occupées par 16 personnes handicapées, également en location.

Enfin, un groupe d'habitations de 17 logements est en habitat participatif, une forme de montage juridique très répandue au Danemark. En habitat participatif, les différents propriétaires n'achètent pas personnellement leurs habitations : une société est créée à cette occasion et chacun devient associé de cette société via l'achat de parts. Au déménagement de l'un des habitants, les parts de cet habitant doivent être vendues à la personne suivante.

L'aide à l'entrepreneuriat social et solidaire

Au début des années 2000, un projet d'inclusion d'une vingtaine de personnes handicapées a permis la création de plusieurs activités économiques au cœur de l'écovillage à travers l'association Vimby (voir le paragraphe concernant Le respect de la diversité et le développement d'une vision commune dans la communauté dans la rubrique Social pour plus d'informations). Une épicerie a ainsi été créée ainsi que des ateliers de production alimentaire.

Une société de production d'énergie, organisée comme une coopérative, permet de produire l'énergie thermique nécessaire aux habitations à partir de deux chaudières à bois.

La création de richesses via le partage et la collaboration

La coopération volontaire aux activités

L'écovillage de Hjortshøj est le résultat d’un long travail de coopération entre ses membres dont l'engagement a toujours été considéré comme devant être volontaire : mises à part certaines tâches obligatoires (telles que l'entretien des salles communes), chacun est libre de s'engager pour la communauté à la hauteur de ses envies ou de ses possibilités, ce qui permet une motivation plus importante des membres.

Les habitants de l'écovillage organisent bénévolement de nombreuses activités sur le lieu, en s'appuyant sur des groupes de travail. Une quarantaine de groupes existent actuellement, avec entre autres :
  • la production de nombreux produits : œufs, céréales, cochon, miel...
  • la production de légumes réalisée par une centaine de familles collaborant ensemble (pour plus de détails voir le paragraphe concernant La production de nourriture à partir de l'agriculture biologique dans la rubrique Écologie)
  • le service d'autopartage
  • la gestion des centrales de recyclage
  • l'organisation de fêtes et autres activités culturelles
  • l'organisation de visites guidées dans l'écovillage

Le développement de ces activités volontaires est fortement encouragé dans la communauté à condition que le projet soit à terme viable économiquement, afin qu'il ne devienne pas une charge pour la communauté.
Toute proposition de création d'activité, présentée à la communauté en réunion mensuelle, n'est jamais refusée : il peut parfois être demandé de préciser le projet lorsque des questions ne sont pas résolues. Dans ce cas-là, des arrangements sont souvent trouvés pour aider les projets en création et les nouveaux groupes de travail obtiennent régulièrement un soutien financier pour faire les investissements initiaux nécessaires à la mise en place de l'activité.

A l'inverse, une activité qui n'arrive plus à trouver suffisamment de volontaires pour être perdurée ne sera pas maintenue coûte que coûte : les volontaires, dont le travail est particulièrement respecté, n'ont pas de problèmes à se retirer d'un projet dans lesquels ils s'étaient engagés lorsqu'ils n'ont plus de temps à consacrer à cette activité. C'est par exemple le cas de l'élevage de bovins qui a été arrêté en 2019, la communauté n'ayant pas pu trouver de volontaires prenant la relève des personnes en charge jusque-là.

Afin de soutenir ces activités bénévoles et participer à la vie de l'écovillage, chaque membre paie une cotisation annuelle de 1 500 couronnes danoises (environ 200 euros). Ces fonds permettent notamment d'apporter un investissement initial aux nouvelles activités bénévoles, d'organiser les activités culturelles et animations proposées par la communauté et de financer certaines activités agricoles non rentables.
Elle a également permis, par le passé, de financer une aide juridique pour un nouveau groupe d'habitations qui cherchait le statut juridique le plus adapté à sa situation.



La mise en commun des ressources

Le partage des ressources est un élément important pour les membres de l'écovillage de Hjortshøj et prend plusieurs formes.

Ainsi, tous les groupes d'habitations ont fait construire leurs maisons communes avec une salle de réception, une laverie, une grande cuisine et une chambre d'amis. Ces pièces, qui ne sont utiles que occasionellement, n'ont ainsi pas besoin d'être construites dans chaque logement, permettant une économie conséquente d'espace.

Comme présenté dans le paragraphe concernant la mise en place de systèmes de transport public durables dans la rubrique Écologie, un service d'autopartage a été mis en place et permet de limiter le nombre de voitures personnelles achetées par les habitants de l'écovillage.
De la même manière, un grand nombre d'outils est mis en commun :
  • le gros matériel, tel que des échafaudages, sont mis à disposition de tout l'écovillage par un groupe de travail
  • du matériel plus petit (tondeuses ou visseuses) sont partagées à plus petites échelles au sein des groupes d'habitations



La mise en place de systèmes de production, de consommation et d'échanges responsables

Plusieurs activités économiques de production et de consommation ont été développées dans l'écovillage par des membres ayant créé leur propre activité auto-entrepreneuriale.

C'est notamment le cas de Michel qui fabrique des glaces de tradition italienne dans un atelier qui a été mis à sa disposition dans l'écovillage avec des ingrédients qu'il prend soin de sélectionner. Il vend ses glaces durant tout l'été tous les vendredis après-midi dans la communauté.
Michel a également fabriqué un four à pizza mobile dans une remorque pour chevaux, ce qui lui permet d'aller distribuer ses pizzas dans la région au grès des événements. Un soir par mois, les habitants ont l'habitude de se retrouver dans l'écovillage pour partager ensemble des pizzas préparées par Michel, un évènement très convivial !

Comme indiqué précédemment, le projet d'inclusion de personnes handicapées porté par l'association Vimby a permis la construction d'ateliers de production alimentaire (dont une boulangerie panifiant quatre fois par semaine) et une épicerie, appelée Høkeren, qui vend de nombreux produits biologiques et, quand c'est possible, locaux ainsi que les produits reconditionnés par certains des employés porteurs de handicaps.
Les œufs pondus par les poules de l'écovillage (entre 150 et 200 œufs par jour) sont disponibles dans un frigo où, dans la tradition de confiance propre au Danemark, chacun est libre de venir se servir en déposant le montant correspondant dans une tirelire à disposition.

Atelier production Hjortshoj
Atelier de production
Epicerie Hjortshoj
L'épicerie biologique
Oeufs Hjortshoj
La réserve d’œufs


Le respect de la diversité et le développement d'une vision commune dans la communauté

Une vision commune dans la communauté

Dès 1987 lors de la constitution du groupe de personnes intéressées par la création d'un écovillage à Aarhus, des comités de travail se réunissent régulièrement pour explorer diverses thématiques relatives à la vie en communauté. De ces réunions va émerger une première charte présentant la vision commune de la communauté : cette charte précise, sans poser de contraintes strictes, les objectifs de la communauté et son organisation démocratique.
Il y est également prévu que cette charte soit révisée de manière régulière, afin qu'elle soit le vrai reflet des objectifs actuels de la communauté : une révision a ainsi été menée en 2007, suivie d'une autre en 2016.
Les documents portant les valeurs peuvent être consultées sur cette page .

Aucun processus d'inclusion n'est prévu dans cette communauté afin de conserver la vision commune du collectif au fur-et-à-mesure des arrivées de nouveaux membres, ce qui la rend très ouverte.
En revanche, les habitants actuels peuvent orienter la vision des nouveaux groupes d'habitations se constituants afin de maintenir les objectifs communs de la communauté. En effet, lors de la création de nouveaux groupes d'habitations, le groupe de futurs habitants va se réunir régulièrement au cours d'un long processus, pour définir ses propres règles concernant la construction des habitations (Quels matériaux et quels revêtements va-t-on utiliser ? Met-on des clôtures entre les jardins ? etc) et l'organisation de sa vie commune (A quelle fréquence se réunit-on ? Quels sont les usages de la maison commune ? etc). Lors de ces réunions, les membres actuels sont souvent conviés pour parler de leur expérience et inspirer les futurs habitants, permettant ainsi de mieux diffuser les valeurs de la communauté aux futurs habitants.



Une grande diversité d'habitants

Une des valeurs clef de l'écovillage est de "créer les conditions nécessaires afin qu'une réelle communauté puisse se développer entre des personnes d’âges et de milieux différents".

Un des moyens mis en place pour développer au maximum une mixité sociale au sein de la communauté a été de lancer un projet de logements sociaux dans l'écovillage, permettant l'accès à des habitants ayant des revenus plus modestes.
La première étape de ce projet a été de trouver un bailleur social intéressé pour construire des logements sociaux écologiques dans l'écovillage, tout en laissant les futurs habitants participer à l'élaboration du projet. Cette recherche a été longue et complexe, les bailleurs sociaux cherchant à construire des projets d'habitations standards pour des prix limités, donc à priori difficilement compatibles avec des logements écologiques construits en concertation avec les futurs habitants.
Un bailleur social, nommé Lejerbo, a finalement accepté de s'engager dans le projet. Un "atelier d'avenir" d'une journée réunissant des architectes, les potentiels futurs habitants et des employés du bailleur social a été organisé : les futurs habitants ont ainsi pu participer à l'élaboration du projet en soumettant leurs idées concernant les futurs logements, qui ont alors pu être intégrés dans les plans des bâtiments.
Des compromis ont dû être faits mais la grande majorité des objectifs de construction écologiques ont pu être réalisés, malgré le budget limité du bailleur social, permettant ainsi à des personnes ayant des revenus modestes de profiter du cadre fourni par l'écovillage.

Suite à cette première expérience très réussie, un second groupe d'habitations a été construit grâce à la coopération entre l'écovillage et le bailleur social Ringgården, devenu maintenant spécialiste en matière de construction durable de logements sociaux.

Une collaboration étroite entre les membres de l'écovillage et les bailleurs sociaux a permis, dans le cas du groupe d'habitations 2 tout du moins, de sélectionner les primo-habitants des logements sociaux suivant une liste établie par l'écovillage, et non suivant la sélection classique faite par les bailleurs : cela a permis que le groupe de futurs habitants qui s'était constitué dès l'initiation du projet et qui avait participé à l'élaboration du projet puissent y vivre.
Néanmoins, l'attribution des logements sociaux des deux groupes d'habitations se fait maintenant via la sélection classique réalisée par les bailleurs : des familles non sensibilisées à l'écologie et qui n'adhèrent pas forcément aux principes de l'écovillage intègrent donc ces groupes d'habitations. C'est à la fois une chance pour intégrer davantage de mixité sociale dans la communauté mais peut aussi être un risque pour le groupe, si les objectifs de chacun sont trop divergents.

Enfin, au début des années 2000, un groupe d'habitants a travaillé à la mise en place dans l'écovillage d’un projet d’inclusion de personnes handicapées à travers l'association Vimby qui a été créée pour porter ce projet, Vimby étant l’abréviation de Velkommen I Min BYdel, "bienvenue dans mon quartier" en français. Grâce à des fonds publics et privés, un groupe d'habitations adaptées ainsi que de nouveaux locaux ont été construits au cœur de l'écovillage : le principe suivi est celui de l'intégration inversée qui consiste à intégrer l'espace de vie des personnes porteuses de handicaps au centre de la communauté pour en faire des citoyens parmi d'autres et non les isoler dans des structures séparées.
Les locaux créés contiennent l'épicerie de la communauté et des ateliers de production alimentaire dans lesquels plusieurs personnes handicapées travaillent quotidiennement avec des éducateurs et des bénévoles : ils participent ainsi pleinement à la vie de la communauté et fabriquent diverses denrées alimentaires, qui sont ensuite vendues dans l'épicerie.


Plus d'information



La mise en place de processus de décision participatifs et d'une gouvernance partagée

La structure de décision de l’écovillage de Hjortshøj est très partagée et décentralisée, ce qui est probablement facilité grâce à la grande confiance dans l'autre que les Danois ont par nature.
Plusieurs niveaux de décision existent dans la communauté : les groupes d'habitations, les groupes de travail et le conseil d'administration.

Les groupes d'habitations sont l’entité de base de l'écovillage, réunissant un ensemble d'habitants autour de règles définies lors de l'élaboration du projet et qui les font vivre collectivement au quotidien. Chaque mois, chaque groupe se réunit : ces réunions sont l'occasion de passer des moments de groupe conviviaux et de discuter également de sujets concernant la vie du groupe et de l'écovillage. Chaque groupe d'habitations désigne un représentant qui siège au conseil d’administration de l'écovillage.

Les groupes de travail sont le pilier de l'activité de l'écovillage : ils réunissent les membres de différents groupes d'habitations autour d'activités particulières telles que la production d'œufs ou la production de chaleur alimentant la communauté. Ils sont responsables de la mise en place de l'activité qui les concerne et de sa viabilité économique.

La majorité des initiatives et des décisions se prennent dans les groupes d’habitations ou dans les groupes de travail.
En revanche, les décisions concernant l’écovillage dans sa globalité sont prises lors d'une réunion mensuelle qui réunit l'ensemble des membres de la communauté.
Le conseil d'administration est chargé de rendre effectives les décisions prises lors des réunions mensuelles et coordonner les relations entre tous les groupes de l'écovillage : il n'a normalement pas de rôle de décision.
Quel que soit l'échelon de prise de décision, la grande majorité des décisions sont prises sur la base du consensus.



L'utilisation d'outils de communication respectueux et d'outils de résolution de conflits

Les Danois étant culturellement très conciliants, un débat calme et serein peut généralement être mené où chacun est libre d'exprimer ses idées, ce qui permet de grandement limiter la naissance de conflits.

De plus, chacun s'efforce à faire preuve de la plus grande transparence lors des prises des décisions : tout le monde est par exemple libre d'assister à toutes les réunions, créant ainsi un climat de confiance dans la communauté.
Ce climat est renforcé par le fait que les groupes d'habitations et groupes de travail sont de taille réduite, permettant à chacun de bien connaître les personnes avec qui il est amené à collaborer.

Plus pratiquement, la communauté utilise la plateforme internet Borigo pour sa communication quotidienne : Borigo est un outil de communication digital danois mis à la disposition des projets des coopératives d'habitations, très répandues au Danemark.
Il permet :
  • d'informer le reste de la communauté via des messages publiés sur un tableau d'information numérique
  • de créer et animer des groupes de membres (les groupes d'habitants et les groupes de travail dans ce cas-là par exemple)
  • de communiquer directement avec ses voisins via un système de messagerie
  • de gérer des ressources partagées, telles que des salles, des outils ou des appareils ménagers (telles que les machines à laver communes)
  • de regrouper et mettre à disposition des autres membres des documents

Il est néanmoins arrivé dans l'histoire de la communauté d'expérimenter des situations où la communication n'était plus possible : dans ces moments-là, des interventions de professionnels ont été sollicitées afin de mettre en place les médiations nécessaires au déblocage de la situation.


Si vous êtes de passage dans la région, plusieurs moyens se présentent à vous pour découvrir Andelssamfundet i Hjortshøj :
  • Des visites de l'écovillage sont régulièrement organisées pour les particuliers : ces visites payantes (60 DKK soit environ 8 euros) ont lieu en moyenne un samedi par mois et durent environ deux heures. Pendant votre visite, vous pourrez découvrir les principaux lieux de la communauté et terminerez en partageant un café et une boisson dans une des maisons communes. Pour connaître les dates de visites et en savoir un peu plus, vous pouvez visiter cette page (en danois) ou la page Facebook de la communauté
  • Si vous n'avez pas la possibilité de vous rendre à une visite, vous pouvez tout de même découvrir l'épicerie du village "Høkeren" ainsi que la galerie d'artistes, la ressourcerie ou la distribution de glaces. Pour connaître les horaires d'ouverture, visitez cette page (en danois) ou la page Facebook des commerces de l'écovillage
  • Si vous êtes à Aarhus en septembre, cela peut être l'occasion de se rendre à la fête de la récolte célébrée par la communauté le premier dimanche de septembre. Vous pourrez y découvrir l'écovillage et échanger avec les habitants. De nombreuses activités sont organisées pour l'occasion et une vente de produits locaux, de boissons et autres aliments est proposée.
  • A la recherche d'un logement temporaire à proximité de Aarhus (une très belle ville, à visiter absolument) ? Des chambres d'hôtes sont proposées dans l'écovillage : vous prendrez la place des habitants de l'écovillage partis en vacances et aurez ainsi l'occasion de découvrir l'écovillage de l'intérieur. Plus d'informations sur cette page (en danois)