Résilience

marker Date de Publication : 2020-05-22
Depuis le début de la crise sanitaire, le mot résilience est particulièrement utilisé dans les discours politiques et dans les analyses de la crise traversée et les projections pour construire le "monde d'après".

Mais que signifie précisément ce terme ? Et comment les écovillages, via leurs organisations et leurs activités, développent cette résilience ?

Qu'est-ce-que la résilience ?

La résilience est d'abord un terme physique décrivant la capacité d’un matériau à revenir à sa forme initiale suite à un choc.
Il a ensuite été dérivé pour être utilisé dans différents domaines, notamment en psychologie (représentant la capacité d'un individu à se construire en dépit d'un traumatisme) et en écologie (comme étant l'aptitude d'un écosystème à se régénérer suite à une perturbation extérieure).

Appliquée aux sociétés humaines, la résilience peut se définir comme la capacité d'un groupe d'individus, d'une communauté à "rebondir", à s'adapter suite à une perturbation : on peut notamment parler de résilience face à des risques naturels (tels qu'une inondation) ou à des risques d'origine humaine (un accident nucléaire par exemple).

La notion de résilience est, depuis quelques années, utilisée de manière croissante par les villes et les territoires, qui y voient notamment un outil pour préparer des mesures d'atténuation et d’adaptation face au changement climatique.

La ville de Paris a par exemple publié en 2017 son plan de résilience (à consulter ici ) afin de réduire la vulnérabilité de sa population et permettre de préparer la ville aux enjeux des prochaines décennies.
En l'occurrence, la ville de Paris a identifié 6 enjeux prioritaires qui sont le risque terroriste, le dérèglement climatique, la pollution de l'air, les inégalités entre les habitants, les risques liés à la Seine (inondation, raréfaction de la ressource en eau, dégradation de la qualité de l'eau) et la gouvernance territoriale (Paris et sa périphérie étant un mille-feuilles administratif rendant plus difficile sa gouvernance).
Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive : les risques liés par exemple au nucléaire, à un choc financier ou pétrolier ou à un blocage routier ne sont pas présentés et, comme on peut le voir maintenant, les risques liés à une pandémie ou aux grèves très importantes comme vécues en début d'année ne sont pas mentionnés, bien que les conséquences sur la vie des Parisiens aient été particulièrement fortes.

La résilience des écovillages ?

La résilience d'une communauté ou d'un territoire s'appuie sur trois critères :
  • la diversité : diversité des membres de la communauté (voir même, plus largement, diversité du vivant), diversité des structures, des savoirs-faire, des ressources alimentaires, des approvisionnements énergétiques... Cette diversité permettra l'apparition de redondances, utiles pour limiter sa dépendance à une source d'approvisionnement particulière.
  • les interactions : les interactions au sein de la communauté doivent être multiples pour garantir une meilleure résilience mais il est en revanche primordial de limiter les interdépendances entre chaque élément du système social. Le système doit être le plus modulaire possible, c'est à dire que chaque élément du système doit pouvoir continuer à fonctionner en cas de choc touchant le groupe tout entier, afin que les effets néfastes du choc ne se propagent pas à tous.
  • la relocalisation : en effet, pour qu'une communauté soit résiliente, il faut qu'elle soit réactive face à des changements brutaux et doit donc être capable de piloter les éléments satisfaisant ses besoins : on l'a ainsi vu, lorsque nos systèmes d'approvisionnement sont éloignés géographiquement, il est plus difficile d'avoir une influence sur ceux-ci. Cette relocalisation passe par la réappropriation de l'économie, la relocalisation de la production alimentaire, de la production énergétique,...

Ces trois critères sont, comme présenté sur ce site internet, le socle de construction des écovillages : être résilient ne fait pas forcément partie des objectifs fondateurs d'une communauté pourtant, à travers leurs constructions, les écovillages développent et renforcent cette résilience.
Dans de nombreux écovillages, la période de confinement a été un moyen d'éprouver cette résilience : après avoir décidé collectivement de mesures permettant la protection de la communauté face au virus, les membres des communautés d'écovillages ont souvent pu continuer leurs activités sans être trop affectés par le confinement imposé.
Ils ont notamment pu s'appuyer sur une meilleure maîtrise de leurs approvisionnements énergétiques et alimentaires ainsi que sur une participation collective pour subvenir aux besoins de la communauté, tous les membres étant confinés tous ensemble et non séparément.


Afin d'illustrer cet article, je vous propose un reportage diffusé sur Ushuaïa TV et réalisé par Muriel Barra qui, à travers sa série documentaire "Un autre chemin, à la découverte des choix de vie en autonomie" , est allée à la rencontre des habitants de l'écohameau de la Baie au Québec :