Énergies renouvelables

El Calabacino n'est pas connecté au réseau électrique espagnol : par conséquent, toutes les maisons sont équipées de panneaux photovoltaïques et de batteries pour stocker l'énergie produite. Bien que cette zone reçoive beaucoup de soleil, c'est une contrainte forte car les maisons peuvent rencontrer des coupures de courant après plusieurs jours nuageux successifs. De plus, toutes les maisons doivent limiter leur consommation d'énergie : le nombre d'appareils électriques est donc réduit.

Toutes les maisons sont équipées de panneaux solaires orientés vers le sud

Transport

Comme indiqué dans le paragraphe d'introduction, l'une des particularités d'El Calabacino est qu'il n'y a pas de route d'accès vers le village : toutes les voitures doivent être garées sur le parking en bas de la vallée et les habitants marchent ensuite jusqu'au village pour rejoindre leurs maisons. Le transport de tous les biens et matériels nécessaires se fait donc à dos d'ânes : les villageois partagent des ânes dont les braiments résonnent régulièrement dans la vallée !

Selon les habitants, avoir un accès réduit à l'électricité et à la route est à la fois une forte contrainte et un grand avantage. En effet, en ajoutant des contraintes à l'utilisation de l'électricité et des voitures, les gens prennent davantage conscience de la valeur réelle de ces services, en opposition avec les villes où tous ces services sont toujours disponibles.

Un des ânes de El Calabacino

Agriculture régénératrice

Il n'y a pas, à l'heure actuelle, de zone commune de maraîchage permettant de nourrir la population : certains habitants du village ont cependant des jardins privés où ils peuvent cultiver leurs propres légumes, en utilisant des méthodes biologiques.

Potager privé

Oranger

Cycle de l'eau

La communauté n'a que 2 fontaines à eau dans le village où trouver de l'eau potable.
Cependant, des tuyaux ont été installés dans tout le village, afin que toutes les maisons puissent avoir leur propre alimentation en eau : cette eau n'est généralement pas considérée comme étant potable et est utilisée pour la cuisine et les douches.

Réduction des déchets

El Calabacino n'est pas raccordé au tout-à-l'égout pour collecter et évacuer les eaux grises et noires (les eaux grises et noires sont des eaux usées, la différence entre les 2 est que l'eau noire est entrée en contact avec des matières fécales, augmentant le risque de développement de pathogènes).

Dans l'écovillage, 2 stratégies ont été mises en place dans toutes les maisons afin de gérer les eaux usées :

• des toilettes sèches sont utilisées dans tout le village : comme les toilettes à chasse d'eau ne sont pas utilisées, il n'y a pas de production d'eau noire et les compost issu des toilettes sèches peut être utilisé par exemple pour faire pousser des cultures ou des arbres.
• les eaux grises sont traitées dans des bassins plantés de diverses plantes aquatiques, permettant la phyto-épuration de l'eau.

Bâtiments écologiques

Certaines maisons d'El Calabacino sont d'anciennes ruines qui ont été réparées lorsque le village a été repeuplé. Les méthodes utilisées pour les réparations sont traditionnelles : les murs sont construits avec des pierres pour les premiers mètres puis en adobe (briques traditionnelles séchées à l'air, faites d'un mélange de boue, de sable, de paille et d'eau).

Environ la moitié des maisons d'El Calabacino sont des constructions récentes. L'autre moitié, comme cette maison ronde en pierre illustrée ci-dessous, a été réhabilitée.

Une des maisons traditionnelles de El Calabacino

Nourrir la pleine conscience et la croissance personnelle

El Calabacino, par son isolement géographique, garde ses distances avec l'agitation quotidienne des villes. Ainsi, les habitants de l'écovillage vivent généralement au jour le jour, dans un environnement très calme, suivant les rythmes imposés par leur environnement naturel.
Les tâches quotidiennes effectuées par les membres de la communauté sont généralement très simples : couper du bois de chauffage, jardiner, jouer de la musique, travailler pendant quelques heures ... De nombreux habitants d'El Calabacino définissent leur mode de vie comme une vie hippie, due la distance qu'ils gardent vis-à-vis de la société conventionnelle.
Le comportement de chacun est donc plus conscient : conscience de l'environnement, conscience de l'autre, ...

L'un des objectifs principaux de la communauté est d'élever les enfants afin qu'ils puissent se développer en tant qu'individus libres. El Calabacino est en effet un endroit où vivent de nombreuses familles, avec de nombreux enfants d'âges différents. Les enfants apportent une énergie très forte au village, et à l'inverse, ce lieu leur apporte un environnement très particulier pour grandir : ils sont très libres, ont accès à une nature luxuriante et sont toujours considérés non pas comme des enfants mais comme des êtres humains à part entière.

S'engager activement pour protéger les communautés et la nature

Organisation de l' "El encuentro de Alternativas"

A partir de 1992, les premiers habitants d'El Calabacino ont décidé de lancer à Séville un nouvel événement dédié à toutes les alternatives à la société actuelle. Cette foire, appelée "El Encuentro de Alternativas" (la réunion des alternatives) a été organisée chaque année pendant 3 jours dans le parc central de Séville. Bien que l'organisation de cet événement ait été difficile pendant les premières années (les premières éditions de cet événement ont été organisées sans l'approbation des autorités locales), cet événement est maintenant célèbre à Séville et accueille de nombreux visiteurs.
Pendant la foire, de nombreuses activités, spectacles, concerts et conférences sont organisés, les visiteurs peuvent participer à des travaux de groupe, des plats locaux et écologiques sont proposés et des artisans exposent leurs œuvres.

El Calabacino : un village abandonné puis repeuplé

Lorsque les premiers habitants sont arrivés en 1985, El Calabacino était un village abandonné comme beaucoup d'autres en Espagne et, plus généralement en Europe. Quelques décennies auparavant, un exode rural s'est produit dans cette région, exacerbé par la perte de services ruraux (comme les médecins et les écoles). Le village a été abandonné et la nature a repris ses droits.

En réhabilitant les maisons en ruine et en nettoyant les anciens chemins, les nouveaux arrivants ont permis de repeupler cette zone. Le nombre important de familles avec enfants a également été l'occasion de limiter la réduction des services publics : de nombreux enfants fréquentent par exemple l'école publique du village le plus proche, Alájar.

Lorsque les premiers habitants sont arrivés à El Calabacino, les relations entre les membres de la communauté, libertaires, et les citadins plus conservateurs (qui étaient d'anciens villageois vivant maintenant à Alájar, à 1 km de là) étaient assez tendues : le choc culturel était en effet très fort. En outre, il est probable que les anciens villageois aient ressenti de la jalousie lorsqu'ils ont constaté que ces nouveaux arrivants avaient réussi à inverser l'exode rural qui avait été combattu sans résultat probant quelques décennies auparavant.

Alájar, le village attenant

La nécessité de défendre un mode de vie

Jusqu'aux années 2000, la majorité des habitants voulaient garder El Calabacino anonyme : ils voulaient conserver inconnu du grand-public ce qu'ils considéraient comme leur paradis.
Plus tard, les gens ont réalisé qu'il était important de montrer à la société que d'autres modes de vie existent, avec de meilleurs impacts environnementaux et sociaux, afin que les gens puissent continuer à créer des alternatives à la société actuelle.

En 2017, la nécessité de faire connaître ce projet a été encore plus grande : la communauté a en effet fait l'objet de poursuites judiciaires de l'administration locale. L'écovillage étant installé dans un espace naturel protégé, des règles de construction spécifiques doivent être respectées par tous les bâtiments, ce qui n'est pas le cas.
Certains propriétaires des maisons sont accusés d'infractions environnementales et urbaines et encourent des amendes importantes, la destruction de leurs maisons et des peines de prison dans les pires cas.
La communauté organise actuellement sa défense et un lobbying afin que l'impact positif de cet écovillage puisse être pris en compte, dans l'espoir de changer la loi relative à ce sujet, afin que d'autres projets similaires puissent être mis en œuvre dans d'autres parties de la région. Un cercle sociocratique "Résilience" a été créé dans la communauté afin d'organiser les moyens et les compétences disponibles pour défendre la communauté.

Célébrer la vie et la diversité à travers l'art

L'art joue un rôle très spécifique à El Calabacino et de nombreux moyens d'expression artistique sont représentés dans la communauté : chanteurs, instrumentistes, acteurs, clowns, danseurs ...
De nombreux habitants sont également artisans et fabriquent leurs propres produits (bracelets, poteries, ...).

Plusieurs habitants organisent des cours hebdomadaires tels que des cours de yoga, de salsa, de cirque et de musique pour la communauté et de nombreux groupes de musique se rencontrent et jouent régulièrement de la musique : ainsi, il est assez fréquent d'entendre de la musique résonner dans la vallée le soir.

En outre, divers festivals et célébrations sont organisés dans la communauté. Fin mai, la communauté organise son festival annuel. Pendant quelques jours, l'écovillage s'anime et tout le monde a la chance de s'exprimer à travers l'art : une procession joyeuse, à laquelle tous les habitants de la communauté participent activement, traverse d'abord le village. Ensuite, plusieurs événements sont organisés. Par exemple, au cours des 3 prochaines soirées, chaque quartier du village (il y a 3 quartiers différents à El Calabacino) accueille un cabaret : les habitants du quartier doivent organiser le cabaret et présenter plusieurs spectacles sur un thème donné.
Ces événements apportent beaucoup de cohésion au sein de la communauté et permettent de casser les barrières entre les habitants. De nombreux membres de la communauté admettent que ces célébrations ont été l'un des principaux points de départ d'un mouvement général menant à des projets communs dans le village, tels que la mise en œuvre du système sociocratique.
Par ailleurs, ce "travail d'équipe" de quartier a permis de former beaucoup de complicité dans chaque quartier, tous les habitants du quartier créant ensemble une histoire commune à partager. Ces nouvelles relations entre les habitants ont permis d'organiser des travaux collectifs communs : les habitants du quartier se réunissent une journée par mois afin de travailler ensemble pour réparer un chemin par exemple et partager un repas.

D'autres fêtes sont également organisées dans l'écovillage: la fête d'hiver, le Carnaval...

La richesse grâce au partage et à la collaboration

Il existe une forte économie de collaboration dans le village : les membres de la communauté sont habitués à aider leurs voisins gratuitement, en considérant simplement que l'aide apportée au quartier sera restituée en cas de besoin.

Plusieurs familles ont également décidé de créer une garderie dans la communauté : avant d'aller à l'école, les enfants sont alternativement pris en charge par différents parents.

Un four à pain a également été construit par la communauté et est à la disposition de tous : une voisine vient tous les mercredis pour faire du pain et le distribuer à la communauté. Tous les vendredis, des pizzas sont également préparées et proposées par un autre volontaire.

Le four à pain de El Calabacino

Production, consommation et commerce responsables

Une épicerie locale a été créée dans la communauté afin d'acheter collectivement des produits écologiques, pour réduire les effets négatifs sur l'environnement.
Certains membres peuvent également proposer à d'autres leur propre production dans cette boutique.

L'épicerie de El Calabacino

Adoptez la diversité et renforcez la cohésion de la communauté

El Calabacino suit un modèle de village traditionnel, chaque famille a sa propre maison et son jardin et est vraiment indépendante des autres. Les habitants ont l'habitude de se définir comme une "famille de familles" et non comme une communauté.
Les objectifs de l'écovillage n'ont pas été approuvés et formalisés mais semblent être partagés par tous les habitants : ainsi, les objectifs sont de jouir d'une vie en harmonie avec la nature, de faciliter le développement personnel et d'élever les enfants afin qu'ils puissent se développer comme individus libres.
Pour de nombreux habitants, cette absence d'objectifs clairs est très positive car elle ne donne aucune restriction aux orientations de la communauté : la communauté est libre d'évoluer, de manière très naturelle, en fonction des circonstances du moment. En revanche, une conséquence de cette absence d'intentions communautaires est que la communauté évolue très lentement, ce qui peut mener à de la lassitude chez certains habitants, plus désireux de changer rapidement les habitudes communautaires.
Bien que la communauté ne soit pas réunie autour d'objectifs concrets, les événements passés ont prouvé que tous les habitants peuvent unir leurs forces pour faire face à des situations inhabituelles.

Les espaces communs sont : un terrain de football, un four à pain (où un boulanger fait du pain tous les mercredis et un autre volontaire fait des pizzas tous les vendredis).
Des événements communautaires sont également organisés toutes les semaines : c'est le cas de la Tetería, le tea time, où 2 personnes servent des pâtisseries et du thé chai le mercredi après-midi. Cet événement est très important pour la communauté car il est devenu une réunion hebdomadaire pour les membres de la communauté.

Gouvernance participative

Lorsque les premiers habitants ont repeuplé le village, les décisions communes étaient prises spontanément ou en assemblées informelles.
Dans les années 2000, le nombre d'habitants était toujours en augmentation et la communauté n'avait pas mis en place de système de gouvernance spécifique permettant aux gens de prendre leurs décisions en commun : cela créait une certaine confusion dans la communauté. Les décisions importantes étaient notamment prises par consentement avec tous les membres de la communauté : le temps nécessaire pour discuter et prendre des décisions était très long et décourageait les membres.

A partir de 2016, El Calabacino a rejoint le réseau local des écovillages, la RIE (Red Ibérica de Ecoaldeas), et a découvert la sociocratie vias cette organisation. Plusieurs membres d'El Calabacino ont décidé de suivre des formations sur ce système de gouvernance, et plus particulièrement sur un outil appelé S3 ou Sociocratie 3.0, un guide pratique et résumé pour mettre en œuvre la sociocratie dans une organisation. Pour plus d'informations sur le fonctionnement de la sociocratie en général, cliquez sur ici.



Le modèle sociocratique a alors été mis en place dans la communauté et plusieurs cercles ont été créés :

• Cercle Économie, en charge de la gestion des revenus et dépenses collectifs
• Cercle Maintenance, qui gère l'entretien des voies et des tuyaux
• Cercle Résilience, responsable de la protection durable de la communauté
• Cercle Fêtes, pour l'organisation des célébrations communautaires
• Cercle Facilitation des conflits, pour aider à résoudre les conflits de quartier à l'aide de médiations

Chaque cercle organise régulièrement ses réunions afin de gérer les tâches ordinaires.
Tous ces cercles sont liés au cercle général, appelé à El Calabacino, le cercle Matrix : 2 personnes de chaque cercle assistent aux réunions Matrix où le travail de chaque cercle est examiné et les principales décisions sont prises.

Dans la communauté, toutes les décisions sont prises par consentement et de nombreux habitants soulignent le fait que toutes les objections sont considérées comme étant un véritable cadeau fait à la communauté, permettant toujours une meilleure gestion de l'écovillage.

Résolution de conflits et outils de communication

Un cercle sociocratique a été spécifiquement créé pour gérer la facilitation des conflits dans l'écovillage : avec l'aide de ce cercle, tous les membres de la communauté ont la possibilité de demander une aide à la médiation.
Un groupe de volontaires a été formé à la facilitation des conflits et est désormais en mesure d'offrir une médiation à tout voisin, comme moyen de résoudre les conflits par l'écoute et le dialogue.

En cas de besoin, un dialogue sera organisé entre 2 membres de la communauté en désaccord afin de trouver une solution au conflit, en présence de 2 médiateurs.
Pour favoriser la résolution des conflits, 4 règles principales doivent être respectées par toutes les parties prenantes :

• chacun doit respecter son tour de parole
• chacun doit s'exprimer avec respect et sans agressivité
• chacun accepte de faire de son mieux pour trouver une solution au conflit
• tout ce qui a été discuté pendant la facilitation du conflit reste confidentiel pour que tout le monde se sente à l'aise

Le cercle «facilitation des conflits» se doit également d'être attentif à tout stress que pourrait ressentir un groupe de personnes dans la communauté, afin de faire ensuite des propositions au cercle Matrix pour apaiser cette tension.

Éducation holistique

L'éducation des enfants est l'un des objectifs de la communauté : plus précisément, tous les membres de la communauté apportent leur contribution à l'éducation de tous les enfants. Les enfants sont complètement libres dans le village, ils peuvent explorer toutes les parties du village et sont les bienvenus dans chaque maison : ils peuvent donc se nourrir de nombreuses cultures différentes.

Il n'y a pas de programme défini pour accueillir les visiteurs dans la communauté.
Cependant, certaines maisons de la communauté peuvent être louées pour de courts séjours : une recherche sur Internet devrait permettre de trouver une offre de location.