Ecoconstruction

marker Date de Publication : 2020-12-08
Tinyhouse, habitat passif, kerterre, rénovation écologique, maison à ossature bois, isolation paille, maison en terre crue, enduits à la chaux… vous avez probablement croisé quelques-uns de ces concepts qui ont tous en commun d’être relatifs à la construction durable.
Mais qu’est-ce que l’écoconstruction ou construction durable précisément ?

L'écoconstruction est la construction ou la rénovation d’un bâtiment de la manière la plus respectueuse de son environnement, et cela tout en prenant en compte l’ensemble de son cycle de vie, depuis sa conception jusqu’à son démantèlement.

La démarche d’écoconstruction peut à la fois concerner des chantiers de réhabilitation et des constructions de bâtiments neufs.
Les bâtiments peuvent être de tailles très variables, de la maison individuelle à des projets plus imposants (écoquartier ou zones industrielles).

Une approche globale nécessaire

Pour mener à bien un projet d’écoconstruction, une approche systémique intégrant tous les aspects et leurs interactions est nécessaire.
Ainsi, tout le cycle de vie du bâtiment doit être pris en compte, lui permettant de respecter au mieux son environnement durant les phases de conception, de construction, d’utilisation, de rénovation et de démolition.

Il est également indispensable d’inclure l’ensemble de la chaine des acteurs de la construction afin d’être capable de juger convenablement de l’impact environnemental et social de chaque décision prise au cours du projet, une connaissance fine des acteurs locaux est donc nécessaire.

Le budget des écoconstructions n’est pas forcément plus élevé : un projet bien conçu et utilisant certains matériaux locaux, permettra de réduire drastiquement les dépenses (les acteurs de la construction utilisant ces types de matériaux moins classiques peuvent en revanche être plus rares, nécessitant davantage de temps et d'engagement).
Lorsqu’il intègre des technologies plus complexes (capteurs solaires, poêle de masse, matériaux innovants, gestion centralisée…), le surcoût du projet à la construction peut être net. En revanche, ce surcoût va s’inverser en quelques années via les économies d’énergies et d’entretien réalisées, d’où l’importance de prendre en compte le projet dans toutes ses phases de vie.

Les critères définissant une écoconstruction

De nombreux critères définissent un habitat écoconstruit :
  • La prise en compte des contraintes environnementales locales
  • L’utilisation efficace de l’énergie et de l’eau
  • La pollution et la réduction des déchets
  • L’utilisation des énergies renouvelables
  • L’utilisation de matériaux non-toxiques, éthiques et durables
  • La qualité de l’air intérieur

Ces critères doivent être considérés dans leur ensemble.
En effet, une maison passive, c’est-à-dire ayant une consommation énergétique intégralement compensée (par l’énergie solaire ou par les calories émises par ses occupants et les appareils en fonctionnement à l’intérieur), peut ne pas être une écoconstruction dans l’hypothèse où elle serait conçue en briques cuites, matériau très énergivore.
L’utilisation de peintures organiques grand public, émettant des polluants dans l’habitation pourrait aussi être compatible avec une maison passive, sans pour autant garantir un air sain pour ses occupants, condition nécessaire pour définir une écoconstruction.

Voyons maintenant plus en détail ces 6 critères :

La prise en compte des contraintes environnementales locales

Lors de la conception d’un projet d’écoconstruction, une étude précise des conditions locales doit être faite pour définir les conditions spécifiques au terrain (son type, son orientation et sa morphologie, les objets environnants tels que des arbres ou d’autres bâtiments…), le climat (orientation et force des vents, ensoleillement, échelles de températures, types et fréquence des précipitations…).

A partir des éléments locaux relevés, il va être possible de concevoir le bâtiment afin qu’il intègre ces données : la disposition des pièces et des fenêtres va, par exemple, permettre de limiter les besoins énergétiques de l’habitation via la captation de la chaleur et la lumière du soleil. Les pièces de vie seront donc logiquement disposées au sud, tout en réduisant les surfaces vitrées exposées au nord. L’étude de l’architecture des bâtiments traditionnels peut être d’une grande utilité pour permet d’apprendre énormément sur les conditions locales et de conserver une harmonie dans les constructions.

Il est également important de bien prendre en compte ce qui est déjà présent dans la zone lors de l’arrivée sur un terrain donné avec pour objectif non pas de l’occuper mais de l’intégrer : les écosystèmes préexistants doivent être protégés au maximum afin de ne pas perturber ou détruire des habitats naturels par l’installation d’un nouveau bâtiment.

Tinyhouse ecoconstruction
Les roulottes de Sieben Linden sont une sorte de tinyhouse : ces maisons, très réduites, limitent leur emprise sur le terrain permettant de réduire leur impact environnemental. Elles restent pour autant confortables et sont construites à l'aide de matériaux sains et respectueux de la nature.

L’utilisation efficace de l’énergie et de l’eau

L’utilisation efficace de l'énergie, de l’eau et des autres ressources dans le bâtiment permet à la fois de réduire la dépendance à des sources d’approvisionnement extérieures (pour ainsi augmenter sa résilience , faire des économies financières et réduire les impacts sur son environnement.

Les deux postes de consommation d’énergie les plus importants dans un bâtiment sont généralement le chauffage et la production d'eau chaude.
Afin de limiter l’utilisation d’énergie pour le chauffage, des techniques de captage passif de l'énergie solaire, des ventilations à récupération de chaleur ou des murs à grande inertie thermique sont des exemples de techniques permettant de réduire la consommation d’énergie pour le chauffage du bâtiment.
La production d’eau chaude peut se faire à l’aide de panneaux solaires thermiques couplés à un ballon d’eau chaude.

L’eau nécessaire dans un bâtiment est généralement de deux types : l’eau potable pour la consommation et l’eau domestique pour les autres usages. La captation d’eau de pluie est une solution efficace pour réduire la consommation d’eau non potable qui pourra être utilisée pour les douches, le nettoyage du linge et de la vaisselle…
Enfin, l’utilisation d’équipements à basse consommation d’électricité et d’eau permettent des économies non négligeables de ces ressources.

Maison surface sud
Avec sa grande façade vitrée donnant sur le sud, ce bâtiment de Sieben Linden a réduit drastiquement sa consommation de bois grâce à une isolation de 70 cm sous le toit, de larges panneaux solaires thermiques combinés à un important réservoir de stockage de chaleur et un système de ventilation avec récupération de chaleur.

La pollution et la réduction des déchets

Le choix des matériaux de construction sera déterminant pour réduire la production de déchets en fin de vie : certains matériaux peuvent en effet revenir à la nature sans aucun traitement préalable alors que d’autres nécessiteront d’être traités via des process parfois très complexes, polluants et énergivores.
Une maison en pisé dont les murs sont des couches de terre crue compactée reviendra ainsi progressivement à la terre sous la force des intempéries, ne produisant ainsi pas de déchet.
Très fréquemment, les écoconstructions intègrent également des systèmes de traitement des déchets :
  • Des systèmes de phytoépuration permettent le traitement naturel des eaux grises du bâtiment
  • Des toilettes sèches compostent les déchets humains
  • Des composteurs permettent de composter les résidus de cuisine

Kerterre
La Kerterre est une maison qui s'intègre parfaitement à son environnement. Elle est intégralement fabriquée avec des matériaux naturels : du chanvre, de la terre et de la chaux. Ces matériaux n'auront pas besoin de traitement lors de la démolition de la maison et seront disséminés dans la nature (source image : https://kerterre.org).

L’utilisation des énergies renouvelables

À la suite d’une étude des ressources naturelles dont bénéficie le lieu d’implantation du bâtiment, il sera possible de déterminer les systèmes les mieux adaptés à la production d’énergie locale pour répondre aux besoins du bâtiment et de ses occupants.
De nombreuses solutions de production existent dont :
  • Les panneaux solaires thermiques permettent de produire l’eau chaude sanitaire et éventuellement participer au chauffage du bâtiment.
  • Les pompes à chaleur utiles pour la production de chauffage, la fourniture d’eau chaude sanitaire et le rafraîchissement des bâtiments en captant l’énergie thermique de l’air, de l’eau ou du sol
  • Les chaudières à biomasse produisant de la chaleur grâce à la combustion de déchets et de matières renouvelables
  • Les digesteurs permettent la production de biogaz à partir de matières organiques en décomposition
  • Les panneaux photovoltaïques pour la production d’électricité
  • Les turbines hydrauliques qui utilisent la force de l’eau pour la production d’électricité
  • Les éoliennes pour la production d’électricité à partir de la force du vent

Panneaux solaires
Des panneaux solaires thermiques équipent une grande majorité des maisons écoconstuites, permettant ainsi la production d'eau chaude et éventuellement d'une part des besoins en chauffage.

L’utilisation de matériaux non-toxiques, éthiques et durables

Le choix des matériaux de construction, qui doivent être à la fois performants, éthiques et respectueux de l'environnement, est primordial.
De manière générale, on cherche d’un matériau durable qu’il soit :
  • Résistant mécaniquement, pour les matériaux structurants (sol, murs, toits)
  • De grande capacité thermique, évitant ainsi les ponts thermiques
  • Un bon régulateur de l'humidité dans l'habitat
  • Résistant au feu
  • Econome en énergie et en émissions de gaz à effet de serre pour sa production
  • Disponible en quantité suffisante localement
  • Non pollué afin qu’il n’impacte pas la santé des ouvriers, des habitants et de son environnement
  • Capable de revenir à la terre progressivement sous l’effet des intempéries, sans intervention humaine

Ainsi, les matériaux de construction durables peuvent être très variés :
  • Pour les matériaux structurants, on retiendra notamment les pierres, la terre crue (via des briques ou du pisé) ou le bois (maison à ossature bois) qui permettront de limiter l’utilisation de briques de terre cuite et de béton, dont la production est très énergivore.
  • Pour les isolants, le chanvre, la paille, la fibre de bois, la laine de mouton ou la ouate de cellulose sont de bonnes alternatives à la laine de verre, dont le bilan écologique n’est pas bon.
  • Les peintures naturelles et traitement des murs à la chaux, à l’huile de lin, à l’eau sont de bonnes régulatrices de l’hygrométrie des pièces et permettent une bonne protection des surfaces, tout en évitant les composés organiques volatils émis par les peintures et colles grand public et qui polluent l’air intérieur.
  • Certains matériaux connus pour être des polluants sont évités dans la mesure du possible : c’est notamment le cas du PVC, matériau difficilement recyclable et émetteur de composés organiques volatils dangereux pour la santé.

Hjortshoj ecoconstruction
Un long travail d'expérimentations sur l'utilisation des matériaux de construction a été réalisé par les habitants de la communauté de Hjortshøj. Cette maison construite en pisé (terre crue légèrement argileuse compactée en couches dans des coffrages) est protégée par des bardages de tuya (dont certains sont protégés à l'huile de lin) et des murs revêtus de chaux.

La qualité de l’air intérieur

Nous l’avons vu dans le paragraphe traitant des matériaux, la qualité de l’air intérieur est très dépendante des matériaux de construction utilisés. En effet, certains matériaux peuvent diffuser des polluants pouvant dégrader la qualité de l’air intérieur d’un bâtiment.
Des murs conçus à l’aide de matériaux laissant passer l’humidité permettent la bonne régulation de l’ l'humidité dans l'habitat, pour le confort de ses occupants.